Fixation de la pension alimentaire

pension alimentaire

La pension alimentaire est souvent un sujet sensible et complexe lors d’une séparation ou d’un divorce. Elle repose sur l’obligation d’entretien et d’éducation des enfants, un principe essentiel du droit français.

Dans cet article, explorons cette thématique en fournissant quelques conseils pratiques. 


Les principes de bases

La pension alimentaire repose sur un principe fondamental : les deux parents doivent contribuer aux besoins des enfants en fonction de leurs capacités financières respectives.

Ce principe, encadré par l’article 371-2 du Code civil, est applicable aussi bien pour les enfants mineurs que majeurs, sous réserve qu’ils soient encore dépendants.

Qui paye la pension alimentaire ?

L’obligation d’entretien pèse sur les deux parents, qui doivent contribuer à proportion de leurs facultés respectives.

Le parent chez qui l’enfant réside habituellement satisfait cette obligation par la prise en charge quotidienne des besoins de l’enfant, tandis que l’autre parent contribue par le versement d’une pension ou la prise en charge directe de frais spécifiques.

Une idée reçue qui doit être rectifiée : Beaucoup de personnes pensent que dans le cadre d’une garde alternée, il n’y a pas de pension alimentaire. c’est totalement faux. En effet, si l’un des deux parents possède des revenus plus élevés que l’autre, il peut être amené à payer une pension alimentaire.

Pour celles et ceux qui se posent la question, un parent ayant des revenus très modestes peut être déchargé de son obligation d’entretien. Dans les faits, les juges préfèrent toutefois fixer une pension alimentaire très faible mais symbolique.

Que couvre la pension alimentaire ?

Une absence de clarté sur les responsabilités peut engendrer des conflits, nécessitant l’intervention du juge pour fixer précisément les modalités de la contribution.

Il est donc très important de définir si la pension alimentaire versée couvre tous les besoins de l’enfant ou sil elle vient uniquement les compléter. 

Faute d’accord clair, ces questions peuvent devenir vraie une source de tensions, nécessitant une intervention du juge aux affaires familiales (JAF).

La rédaction d’une clause relative à la pension alimentaire dans une convention de divorce ou dans la demande faite au juge doit être très précise.

  • Est ce que la pension alimentaire couvre toutes les charges courantes de l’enfant sauf les frais exceptionnels ?
  • Est ce que la pension alimentaire ne va pas couvrir les frais de scolarité et de cantine qui resteront une charge supplémentaire à payer ?

Ce genre de question doit permettre de clarifier la situation et de bien quantifier le montant de la pension alimentaire.

Critères de fixation

La fixation de la pension alimentaire repose sur deux éléments clés : les revenus des parents et les besoins des enfants.

Le revenu des parents

  • Les ressources de chaque parent sont analysées en détail. Cela inclut non seulement les salaires, mais aussi les éventuels revenus complémentaires tels que les revenus locatifs ou les primes exceptionnelles. Le juge peut également tenir compte des avantages en nature et du patrimoine des parents si celui-ci est productif de revenus.
  • La situation financière du parent débiteur peut être influencée par la répartition des charges avec un nouveau conjoint ou partenaire. Bien que ces derniers ne soient pas tenus de contribuer directement, leur présence peut augmenter le revenu disponible du parent débiteur.
  • Lorsqu’un parent ne communique pas ses revenus de manière transparente, cela complique la tâche du juge. Parfois, les revenus non déclarés ou difficiles à estimer, comme les bénéfices d’activités indépendantes, nécessitent des investigations plus approfondies.

Le besoin des enfants

  • Ces besoins sont évalués en fonction de plusieurs critères :
    • L’âge de l’enfant : les jeunes enfants ont généralement des besoins différents de ceux des adolescents, qui nécessitent davantage de dépenses en matière d’éducation ou d’activités extrascolaires. (L’INSEE considère qu’à partir de 14 ans un enfant commence a avoir des besoins plus importants)
    • Le niveau de vie antérieur : le but est de maintenir, dans la mesure du possible, un train de vie similaire à celui dont bénéficiait l’enfant avant la séparation des parents.
    • Les besoins spécifiques : par exemple, un enfant souffrant d’un handicap ou de problèmes de santé pourra nécessiter des dépenses plus importantes. Dans ces cas, le juge tiendra compte de l’impact financier mais aussi de la disponibilité nécessaire du parent qui garde l’enfant.
  • Les frais exceptionnels, tels que des voyages scolaires ou des traitements médicaux, doivent également être pris en compte et répartis entre les parents, soit de manière égalitaire, soit au prorata de leurs revenus respectifs.

En résumé, la fixation de la pension alimentaire repose sur une analyse fine des revenus et des besoins. Un manque de précision dans ces évaluations peut entraîner des conflits ou des malentendus, d’où l’importance de formaliser ces éléments avec l’aide d’un médiateur, d’un avocat ou du juge aux affaires familiales (JAF).

Les Modalités d’exécution

La contribution à l’entretien peut prendre plusieurs formes :

  • Versement mensuel d’une pension alimentaire.
  • Prise en charge directe de certains frais, comme les frais de scolarité ou d’activités sportives.
  • Abandon d’un droit d’usage ou d’habitation sur un bien immobilier appartenant au parent débiteur.

Un exemple concret : Paul, débiteur sans revenus suffisants, a opté pour l’abandon de l’usage d’un appartement familial au profit de son ex-conjointe et de leurs enfants. Ce mécanisme lui permet de respecter son obligation sans ponctionner des ressources inexistantes.

Même si cela peut paraitre évident, je précise qu’une pension alimentaire est due douze mois sur douze, y compris pendant les périodes où le parent débiteur héberge l’enfant. 


La pension alimentaire pour les enfants majeurs

Le principe du Maintien de la pension alimentaire

À la majorité de l’enfant, la pension alimentaire ne s’arrête pas automatiquement.

Elle perdure tant que l’enfant ne peut subvenir à ses besoins, par exemple lorsqu’il poursuit des études ou cherche un emploi. Cette situation, encadrée par l’article 371-2 du Code civil, repose sur une évaluation au cas par cas par le JAF.

A défaut d’accord entre les parents, le parent débiteur de l’obligation alimentaire devra obtenir du JAF l’arrêt de la pension alimentaire. Ce sera donc à lui de prouver que l’enfant est devenu indépendant financièrement. 

Il est intéressant de noter qu’un parent ne peut forcer un enfant majeur à vivre sous son toit pour réduire les dépenses. L’enfant, même dépendant financièrement, a droit à une certaine autonomie. (et oui, certains ont essayé)

Durée de l’obligation

L’obligation dure généralement jusqu’à la fin des études ou jusqu’à ce que l’enfant trouve un emploi stable. Cependant, elle peut être suspendue si l’enfant montre un manque d’efforts sérieux dans sa scolarité ou sa recherche d’emploi. Par exemple, un enfant redoublant trois fois sans justifier d’efforts peut perdre le soutien financier de ses parents.

Dans des cas exceptionnels, comme pour un enfant handicapé ou malade, cette obligation peut durer indéfiniment. L’impact financier et émotionnel pour les parents est alors conséquent.

Vous savez probablement  qu’un enfant majeur qui se marie ne peut en principe plus solliciter de contribution à ses parents. Cependant, si son conjoint est également dans le besoin, l’obligation parentale peut renaître…Vous serez peut être plus attentif au choix du partenaire de votre enfant après avoir lu cet article 😉 


Anecdotes et cas pratiques

  • Ressources non déclarées : Dans certains cas, il est difficile pour le juge d’évaluer les revenus réels des parents, notamment lorsque l’un d’eux bénéficie d’avantages en nature ou de revenus non déclarés. Cela peut compliquer la fixation d’une pension équitable.  
  • Revenus du nouveau conjoint : Bien que les revenus d’un beau-parent ne soient pas directement pris en compte, ils peuvent influencer indirectement la décision du juge. En effet, le nouveau conjoint va partager les charges courantes et donc faire augmenter le revenu disponible. La pension alimentaire sera donc plus élevée que si le parent débiteur vivait seul.
  • Le Barème indicatif :Un outil souvent utilisé pour guider la fixation des pensions alimentaires est le barème indicatif publié par le ministère de la Justice. Ce barème repose sur une estimation du coût de l’enfant en fonction des revenus du débiteur, du nombre d’enfants et du mode de résidence (résidence alternée, droit de visite classique, etc.). Bien qu’il offre une certaine harmonisation des décisions et facilite les négociations entre parents, ce barème est loin de faire l’unanimité.
  • Obligations alimentaires : la pension alimentaire entre parents et enfants est la plus connue. Il existe pourtant plein d’autres cas spécifiques (enfants adoptés, belles-filles envers le beau père etc…). Si le sujet vous intéresse j’ai rédigé un article spécifique sur l’obligation alimentaire.

De nombreux avocats pointent ses limites. D’une part, il ne prend pas en compte les besoins spécifiques de l’enfant ou les ressources du parent créancier, ce qui peut conduire à des montants qui ne reflètent pas la réalité de chaque situation. D’autre part, son usage systématique par certains juges peut réduire la personnalisation des décisions, pourtant essentielle dans ce domaine.

Vous pouvez faire un test sur le simulateur de pension alimentaire de l’Etat


Conclusion

La pension alimentaire est bien plus qu’une obligation légale : elle reflète un engagement moral envers les enfants. Pour éviter des conflits inutiles, il est crucial d’anticiper les besoins, de formaliser les accords et de privilégier le dialogue. Chaque situation est unique, le barème utilisé ne peut être qu’un indicateur, mais votre avocat pourra affiner sa fixation.

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