Demander le divorce est une étape chargée d’émotions et de doutes.
Toutefois si votre décision est prise cet article est fait pour celles et ceux qui souhaitent mener la discussion de manière respectueuse et apaisée.
1. Préparez votre discours avec soin
La clé pour une discussion sereine est une préparation minutieuse.
Prenez le temps de réfléchir à ce que vous voulez dire. Notez vos arguments principaux et anticipez les questions ou objections de votre conjoint(e). Par exemple, demandez-vous comment expliquer vos raisons sans accuser ou blâmer.
- Exemple : “Je ressens depuis un moment que notre mariage ne me rend plus heureux(se). Je pense qu’il est temps de parler de ce que cela signifie pour nous.”
- Répétez vos propos devant un miroir ou avec un ami pour renforcer votre assurance. Faites un jeu de question-reponse.
- Il faut être capable de retenir à minima le plan de votre discussion. Il ne s’agit pas d’apprendre par cœur un texte car votre partenaire va probablement vous couper la parole.
- Certaines personnes décident de lire un texte qu’ils ont préparés à l’avance. Ce type de situation peut manquer de naturel et surprendre votre conjoint. Il est préférable d’expliquer cette situation par le fait que vous avez du mal à gérer vos émotions mais que vous avez pris du temps de le rédiger afin de poser les choses au mieux.
Conseil pratique : Au cours de la discussion, sachez que lorsque vous parlez de faits précis, vous pourrez toujours être mis en contradiction. En revanche en parlant de vos sentiments ce sera beaucoup plus difficile.
Exemple :
- « Je me sens incompris(e ) » n’appelle aucune contradiction , peut-être un questionnement « pourquoi te sens tu incompris(es) » mais pas d’opposition.
En revanche, dire :
- « Quand je te parle, tu ne m’écoutes pas » appellera probablement à une réaction du genre : « On discute tous les soirs avant de se coucher, je ne vois pas de quoi tu parles… »
2. Choisissez le bon moment et le lieu pour demander le divorce
Une conversation aussi importante mérite un cadre approprié. Privilégiez un moment où vous avez suffisamment de temps pour discuter calmement, sans interruptions.
- Ce qu’il faut éviter : Parler de divorce dans un moment de stress, devant les enfants, ou en public.
- Idéal : Discutez à la maison, en privé, lorsque vous êtes tous les deux calmes et vraiment disponibles
- Si vous avez peur d’une réaction violente : discutez dans un endroit public, par exemple : sur un banc dans un parc mais assez éloigné des autres personnes pour qu’elles n’entendent pas la discussion
3. Soyez direct mais respectueux
Il est important d’être clair et honnête sur vos intentions. Une communication floue ou indirecte peut créer de l’incompréhension ou des malentendus.
- Préparez votre accroche : par exemple “Je pense qu’il est temps que nous envisagions la possibilité de divorcer. J’ai beaucoup réfléchi à cela et je crois que c’est la meilleure solution pour nous deux.”
- Vous pouvez ensuite indiquer les raisons (attendez-vous à des objections) et n’oubliez pas le tips vu précédemment : parler de ses sentiments appelle rarement à des objections
- Évitez les accusations ou reproches qui pourraient braquer votre conjoint(e).
4. Utilisez un langage apaisant
Préférez des phrases basées sur vos propres sentiments (“je”) plutôt que des accusations (“tu”). Cela aide à créer un climat de dialogue plutôt que de confrontation.
- Exemple maladroit : “Tu es toujours absent(e) et je n’en peux plus.”
- Alternative : “Je ressens de la solitude depuis un moment et j’ai le sentiment que nous nous sommes éloignés.”
Si vous voulez une issue pacifique, il faut éviter de faire une liste d’accusation, même si vous pensez que le plus gros des tords pèsent sur votre conjoint(e).
5. Préparez-vous émotionnellement
Il est naturel de se sentir stressé ou anxieux avant une telle discussion. Prenez le temps de gérer vos émotions.
- Réfléchissez à vos motivations profondes et rappelez-vous que vous avez le droit de rechercher votre bonheur.
- Si nécessaire, faites appel à un professionnel (thérapeute ou conseiller) pour vous aider à clarifier vos idées.
- Rappelez-vous que vous entrainer avec un ami ou devant le miroir peut être une solution pour arriver à un état émotionnel plus neutre ou plus maitrisé.
6. Laissez de côté les rancunes
Un divorce apaisé nécessite de mettre de côté les reproches ou conflits passés.
- Si vous ressentez encore de la colère ou de la frustration, exprimez-les dans un journal ou avec un ami proche ou un thérapeute
- Si vous voyez que le ton monte et que les reproches pleuvent, restez calme, n’hésitez pas à mettre fin à la discussion.
7. Écoutez votre conjoint(e)
Permettez à votre partenaire de s’exprimer, même si ses propos sont émotionnels ou contradictoires.
- Conseil : Ne l’interrompez pas, même si vous n’êtes pas d’accord.
- Reconnaissez ses sentiments : “Je comprends que tu sois bouleversé(e). Ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère.”
- Si vous avez un doute avec ce qu’il ou elle dit, proposez de reformuler. « je ne suis pas sûr(e) d’avoir compris, est ce que tu veux dire par là que … »
- Vous pouvez lire ou relire notre article sur les techniques de communication dans le couple
8. Anticipez les objections
Votre conjoint(e) pourrait tenter de vous convaincre de rester, en mentionnant les enfants ou les conséquences financières.
- Préparez des réponses calmes et rationnelles. Par exemple : “Je pense que nous serons de meilleurs parents si nous sommes heureux, même s’il faut vivre séparés.”
9. Restez ferme sur votre décision
Si vous avez longuement réfléchi à votre choix, maintenez votre position sans culpabilité.
- Conseil : Établissez des limites et revenez au sujet principal si la discussion dévie.
- Être celui qui demande le divorce, vous met dans une position peu envieuse. Il est fort probable que vous ressentiez une forme de culpabilité. Cela peut vous amener à promettre des choses que vous regretterez plus tard. Plus ce sentiment de culpabilité est fort chez vous, plus il peut être intéressant d’aborder la demande de divorce en deux étapes :
- D’abord on s’explique
- Plus tard on parlera des conséquences pratiques.
Il m’arrive souvent de rencontrer des clients qui regrettent d’avoir promis de ne pas réclamer de pension alimentaire pour les enfants alors qu’ils en ont besoin…Gardez en tête que la culpabilité peut vous faire agir à l’encontre de vos intérêts ; voir même de l’intérêt de vos enfants.
10. Accordez du temps à votre conjoint(e)
La réaction de votre conjoint(e) va dépendre de plusieurs paramètres
- Est-ce qu’il ou elle s’y attend ou pas
- Son expérience passée
- Son caractère
- Les conséquences pratiques d’un divorce
Cela peut être la colère, le silence, la tristesse, la peur ou le déni. Laissez-lui du temps pour digérer la nouvelle.
- Proposez de reprendre la discussion après quelques jours, une fois les émotions apaisées.
- Il faut fixer une date ou une période car le temps qui passe peut laisser croire que vous avez changé d’avis
11. Évitez les discussions juridiques immédiates
Ne vous précipitez pas dans les détails logistiques (partage des biens, garde des enfants). L’état émotionnel de votre conjoint(e) pourrait compliquer les choses.
- Une fois la discussion initiale passée, vous pourrez aborder ces questions avec un avocat ou un médiateur.
- Gardez à l’esprit, que peu de personnes maitrisent vraiment les conséquences juridiques d’un divorce (pension alimentaire, prestation compensatoire, mode de garde, partage des comptes etc…) et parler de choses que l’on ne comprend pas peut vous amener à prendre des décisions que vous finirez par regretter.
- Si vous souhaitez divorcer à l’amiable ces points devront toutefois être abordés entre vous.
Mon conseil : que chacun prenne rendez-vous avec un avocat pour bien comprendre les aspects juridiques. Une fois cela réalisé, vous serez tous les deux au même niveau de compréhension ; ce qui va faciliter la communication entre vous.
12. Faites-vous accompagner par un professionnel
Un avocat en droit de la famille peut vous aider à structurer vos démarches et à préserver une communication saine.
En ayant clairement en tête les différents types de divorce et une vision précise des conséquences humaines et pécuniaires pour vous et vos enfants, vous serez mieux préparé(e) à demander le divorce.
Pour les personnes plus fragiles ou qui sont opposées à des personnes à fort caractère, il est conseillé également de se rapprocher d’un thérapeute. Pour ma part, je constate une vraie différence chez mes clients qui consultent. Il s’agit d’une aide précieuse à ne pas négliger.
Et vous, avez-vous un conseil supplémentaire à apporter ? dites-le nous en commentaire .
« Julien, assieds-toi faut que je te parle… »
Blague à part, article très enrichissant sur la communication dans le couple et plus globalement avec les autres. Les conseils pratiques et les exemples concrets sont les bienvenus et peuvent faire la différence.